+ Mgr Wintzer, diocèse de Poitiers

Les Béatitudes de l’Evangile, elles sont conjuguées au futur. Ce futur du bonheur selon l’Evangile, à la fois il met en garde, à la fois il libère. Il met en garde face à une compréhension bien décevante du bonheur : la « dictature du bonheur ». Cette sorte d’impératif catégorique : « je dois être heureux » ; comme si le bonheur était le résultat immédiat et obligé d’un certain nombre de choix et d’attitudes.

Le bonheur, le vrai bonheur, celui qui parfois, ou bien nous étreint au plus profond de notre être, ou bien esquisse un simple sourire sur notre visage, ce bonheur-là, n’est-il pas souvent fortuit, inattendu ; pour le dire d’un mot, gratuit ? C’est le bonheur qui n’est pas le fruit d’un calcul, mais un don qui surprend et ravit. Et puis, le futur du bonheur selon l’Evangile, il libère. Il libère, parce qu’il délivre justement de ces calculs qui n’ont pour dessein qu’un résultat connu d’avance. Le bonheur permet à nos actes et nos choix de grandir en liberté ; et surtout, ce bonheur, il rend disponible à l’autre dans sa réalité et non dans l’évaluation de ses éventuelles qualités.