Message d'ouverture du père Bernard CHARRIER

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Chers amis,

La Corrèze avec ses belles couleurs d'automne vous accueille. Nous sommes à Brive la Gaillarde, au bas de l'escalier qui descend des montagnes d'Auvergne, au carrefour des trois provinces : le Limousin, le Périgord et le Quercy. La ville est belle, chaude, joyeuse. La mêlée, ici, les gens connaissent et apprécient.

Les chrétiens du diocèse de Tulle vous souhaitent la bienvenue.

Bienvenue à vous les jeunes lycéens.

Bienvenue à vous accompagnatrices et accompagnateurs des groupes d'aumôneries, de mouvements.

Bienvenue à vous éducatrices et éducateurs enseignants.

Bienvenue à vous frères évêques et vous frères prêtres.

Oui, parmi les 240.000 habitants de la Corrèze, il y a des chrétiens. Parmi les lycéens, les enseignants de ce département, il y a des chrétiens. Combien sont-ils ? Qui peut le dire ? Le Seigneur le sait.

En tout cas, il y a ici une longue histoire chrétienne, depuis le 3^ème siècle, le temps de Saint Marial, l'évangélisateur du Limousin. Les belles et nombreuses églises romanes en portent témoignage. Sachez que la Corrèze a donné 3 papes, au temps difficile, il est vrai, de la papauté d'Avignon. La vie monastique y a été florissante. L'an dernier, nous avons fêté 41 prêtres de Corrèze, partis missionnaires en Asie, aux 19° et 20° siècles.

Mais dans l'héritage chrétien de ce pays, il y a aussi l'entrée difficile dans le monde moderne épris de liberté et de solidarité. Il a fallu du temps pour retrouver la sève évangélique qui elle aussi est nourricière de liberté et de fraternité.

Aujourd'hui, cette Eglise qui vous accueille est là, à travers les bénévoles qui se sont mobilisés pour que tout se passe bien durant ces trois journées. Une Eglise qui se mêle du bonheur des jeunes, du bonheur des anciens, du bonheur de la cité. Une Eglise qui s'efforce de donner à chaque chrétien sa place, de marcher sur le chemin du renouveau évangélique et spirituel. Une Eglise heureuse d'accueillir l'aide de prêtres jeunes venus d'autres pays.

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« Mêle toi du bonheur ! » Quelle belle annonce pour ce rendez-vous ! Nous voilà sur un beau terrain, le terrain du bonheur, un terrain d'humanité. C'est sur ce terrain qu'il faut jouer notre vie, votre vie de jeunes.

Bonheur de découvrir l'immense continent des connaissances. Bonheur de tisser des liens d'amitié, de camaraderie. Bonheur de déchiffrer l'énigme de l'aventure humaine. Bonheur d'exercer vos capacités de choix et donc votre liberté. Bonheur de tracer une trajectoire qui fait sens pour votre vie, une vie qui est unique et qui n'a pas de prix. Bonheur de croire et de croiser cette humanité rayonnante de Jésus qui ne cesse de nous questionner, génération après génération. Cet homme Jésus continue aujourd'hui d'ouvrir ce qu'on est tenté de refermer ou d'oublier : la question du sens de notre existence, du sens du monde et de l'histoire humaine. La vie est-elle sensée ou insensée ? Paillettes ou lumière ? Impasse ou chemin d'éternité ? Stérile ou féconde ?

« A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ? Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu, le couronnant de gloire et d'honneur ; tu l'établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toutes choses à ses pieds. » (Psaume 8)

Mêle-toi du bonheur. Chacun, chacune, ici, est attendu, invité. Le bonheur se partage, se donne, et se reçoit. Nul n'est de trop. On a besoin d'entendre toutes les voix, avec leurs différences, pour une symphonie de bonheur.

Mêle-toi du bonheur. C'est ensemble que la partie est à jouer. Ensemble, il nous faut la gagner envers et contre tout. Pour inverser les divisions, les déchirures, les exclusions, les souffrances, les affrontements, les échecs. Autant de situations que vous connaissez vous aussi, quelquefois trop bien. Les lieux de bonheur sont les mêmes que les lieux de malheur et de souffrance : la famille, les copains, la relation amoureuse, le lycée. Les acteurs du bonheur sont les mêmes que les acteurs du malheur : c'est nous, c'est chacun d'entre nous.

Mêle-toi du bonheur. La partie, nous allons la jouer pendant trois jours. Nous voulons la gagner durant ces trois jours. Mais c'est pour qu'elle devienne un tremplin, c'est pour gagner une autre partie, celle de votre vie de jeunes.

Mêle-toi du bonheur ici, aujourd'hui et demain ; ici et là-bas où vivent d'autres peuples, d'autres races, où se parlent d'autres langues, où beaucoup de jeunes n'ont pas accès aux études.

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Une parole a été donnée aux hommes. Un chant a éveillé les cœurs et les esprits. Cette parole, ce chant, émerveillaient l'homme qui éveilla l'Inde et qui lui conquit par la non violence sa liberté : le Mahatma Gandhi. Ce chant commence, ce chant continue, ce chant s'achève avec ce même mot : heureux. Un mot tellement plein qu'il est difficile à traduire : on pourrait dire aussi trop heureux, ou bien joie, ou magnifique, ou encore en marche.

« Heureux les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent »

« Magnifiques, ceux qui ont faim et soif de la justice…»

« Joie de ceux qui sont à bout de souffle, des éplorés, des tolérants…»

« En marche, les humiliés, les endeuillés, les humbles, les cœurs purs, les faiseurs de paix»

Cette parole, nous allons l'entendre à nouveau pendant ces journées. Mais c'est pour que nous donnions à voir quelque chose. Quelque chose de neuf, quelque chose de jeune, un commencement.

Ah ! Si à Brive commençait avec vous, recommençait grâce à vous, l'élan de joie, de liberté, de fraternité, de solidarité, comme cela s'est produit, à maintes reprises, tout au long de l'histoire chrétienne ! Ce serait du bonheur pour vous et pour les autres.

Heureux, soyez-vous. Magnifiques, montrez-vous. Joyeux, restez-le.

Et puis, en marche, pour trois jours à Brive et pour les jours à venir dans vos aumôneries, dans vos mouvements, dans vos paroisses, dans vos lycées.

Bonne et belle rencontre de Toussaint 2009.

Père Bernard CHARRIER

êveque du diocèse de Tulle (Corrèze)